Après des années de
discussion, la chambre des représentants au Maroc a ratifié la nouvelle loi sur
le “bail” et la location qui sera effective dès publication au bulletin
officiel.
Le nouveau droit du bail vise à encourager les propriétaires de
biens à les mettre à la location, en leur donnant les garanties
juridiques pour les protéger des abus des locataires. Elle prévoit également de
nouvelles règles en ce qui concerne les contrats de location et les réparations
des biens loués, et de veiller à la résolution rapide des litiges avec des
échéances respectées.
Sommaire:
- Le contrat de bail, une obligation
- Obligations de réparation du loueur
- En cas de non paiement du loyer
- Conditions de révision du loyer
- Résiliation du contrat de bail£
- Récupérer le bien pour son propre usage
- Les textes de la nouvelle loi
Le contrat de bail, une obligation
Le contrat de bail
s’applique à tout bien immobilier “destiné à un usage résidentiel ou
professionnel meublé ou non, qui dépassent une période de location de trente
jours”.
Il détermine également le prix et les conditions de location par consentement
mutuel entre les parties, et prévoit l’obligation de location dès la date du
signature du contrat de bail en garantissant que toutes les articles du contrat
soient respectés par le propriétaire et le locataire, et de faire un état du
bien loué complet ainsi que de ses dépendances et équipements.
La nouvelle loi de bail exige que le bien loué soit vivable et contienne les
équipes de base nécessaires en terme de pièces, de conditions de
ventilation, cuisine et toilettes, électricité et eau.
Si le bien loué ne respecte par ces conditions, il peut faire l’objet d’une
location si le locataire accepte par écrit de le remettre aux
normes et le propriétaire de déduire les frais de remise en état du loyer.
Un état des lieux doit être obligatoirement fait lors de la remise des clés au
locataire ainsi qu’au moment du départ. Cette déclaration est jointe au
contrat. En cas de non-rédaction de l’état des lieux, la signature du
contrat de bail par le locataire insinue qu’il a trouvé le bien conforme aux
normes.
Obligations de réparation du loueur
Le loi oblige
le propriétaire de garder en état le bien durant sa
location selon les textes du contrat de location et d’effectuer les travaux
demandés par le locataire au cours du mois. Sinon le locataire peut
obtenir une ordonnance du président du Tribunal de première instance pour
déterminer la valeur des réparations nécessaires. Dès autorisation du
tribunal, le locataire pourra effectuer les réparations lui-même et les déduire
du montant des loyers suivants.
Le locataire, à lui aussi, l’obligation d’effectuer les maintenances de base
comme: réparation des portes, des serrures, des équipements électriques, des
fenêtres, des vitres, carrelage, la peinture, les volets et les rideaux.
Il contraint aussi le locataire la maintenance et le changement
des robinets d’eau, raccords sanitaires du bien avant son départ.
En cas de non paiement du loyer
Dans le cas où le locataire
ne paie pas son loyer, le propriétaire peut demander au président de
la Cour l’autorisation d’envoyer un avertissement par écrit à son locataire
pour accomplir son obligation.
Le locataire aura 15 jours pour effectuer le paiement partiel ou complet à
partir de la date de notification de l’alarme. Cette période dépassée, le
propriétaire peut demander au tribunal de ratifier l’avertissement
et l’obligation de paiement.
L’ordonnance du tribunal approuvant l’avertissement est éditée dans les 48
heures à partir de la date d’enregistrement de la demande, selon le PV
rédigé.
Même en cas de non ratification de la demande, tout recours ordinaire ou
extraordinaire non autorisé n’est accepté…Le propriétaire peut exiger le
paiement selon les règles générales du contrat.
Selon la nouvelle loi, dans le cas d’acceptation de la demande soulevée auprès
du Tribunal de première instance. S’il est prouvé que le propriétaire a touché
ses loyers,et a poursuivi de mauvaise foi son locataire, ce dernier peut
demander une indemnisation pour dommages allant de deux mois de loyer à 6
mois, en dehors des poursuites pénales.
Conditions de révision du loyer
Le propriétaire et le
locataire peuvent se mettre d’accord sur la révision du prix du loyer à la
hausse comme à la baisse. Mais l’augmentation du loyer ne peut se faire pendant
les trois premières années du contrat de location, à compter de la
signature du contrat ou de la date d’une révision judiciaire.
En l’absence de tout accord, la loi précise la possibilité d’une augmentation
du prix du loyer d’un bien résidentiel de 8 pour cent (+8%), et d’un bien
professionnel de 10 pour cent (+10%).
Sachant que le tribunal pourrait déterminer le taux d’augmentation du montant
des droits de location, sans prendre en considération les deux pourcentages
précédents et en vertu de son pouvoir, si le montant de la valeur du loyer ne
dépasse pas 400 dirhams par mois, le taux d’augmentation autorisé ne doit
pas dépasser 50%.
Si le propriétaire désire revoir le montant du loyer, en envoyant un
avertissement au locataire, il prend effet dès réception et le locataire peut
faire un appel dans un délais de trois mois.
Résiliation du contrat de bail
En cas de résiliation ou de dissolution d’un contrat de location, le locataire
doit rendre les clés du bien. Si le bien est conservé après cette date, il
doit payer une compensation financière fixée par le tribunal qui équivaut
au moins au double du montant du bail. Il a aussi l’obligation de garder
en état le bien ainsi que de le restaurer en cas de dommages. Le locataire se
trouve en situation irrégulière d’occupation de bien d’autrui.
La nouvelle loi insiste aussi sur le fait que le locataire est concerné
par tout dommage causé au bien, mais il n’est pas concerné par tout
usure liée à une utilisation normale et habituelle, ou résultant d’un cas
de force majeur ou d’un incident.
Le locataire ne peut introduire aucun changement ou aménagement du bien ou
de ses équipements sans obtenir le consentement écrit du propriétaire. Dans le
cas de travaux sans le consentement du propriétaire, ce dernier peut exiger de
son locataire de remettre le bien en état initial, ou le garder avec les
modifications sans que le locataire est le droit de demander une
quelconque indemnisation. La nouvelle loi, informe que tous les demandes
d’aménagement deviennent obsolètes dans les trois mois à compter de la
remise du bien au loueur.
Le propriétaire peut demander une garantie pour couvrir le montant du bail et
les frais locatifs, ainsi que les dommages, mais le montant de cette garantie
ne peut dépasser deux mois de loyer. La garantie doit-être rendu au
locataire dans un délais ne dépassant pas un mois dès la date de libération du
bien loué.
Récupérer le bien pour son propre usage
Le texte de la
nouvelle loi informe que le contrat de bail expire dès réception d’un avis
d’expulsion fondée sur des motifs sérieux, comme rendre le bien à son
propriétaire pour son propre usage, ou ses descendants, ou les bénéficiaires du
testament, ou pour une épouse ou l’époux. Le contrat de bail expire aussi en
cas de démolition, de reconstruction et de réforme obligatoire, ou à cause
de non paiement du loyer.
Dès réception de l’avis, le locataire a un délai de deux mois pour quitter les
lieux. Si ce délai est dépassé, le propriétaire peut demander au tribunal de
statuer sur une expulsion forcée.
Cette loi comprend également des procédures pour permettre au propriétaire
de récupérer sa propriété en cas d’abandon, ou de fermeture par
le locataire.Un bien est considéré fermé après plus de six mois de non-occupation
ou usage, qu’il soit partiellement ou totalement vidé des meubles, et n’y
a pas séjourné. Le magasin n’est pas considéré comme abandonné si le
locataire a continué à remplir ses obligations envers le propriétaire.
En cas d’expulsion,le propriétaire doit compenser le locataire d’un
montant englobant un an de loyer et les frais de déménagement.
En ce qui concerne les contrats conclus avant l’entrée en vigueur de cette loi,
ils demeurent valables et reconnus, et les parties peuvent convenir d’un nouveau
contrat conforme à cette nouvelle loi.
Les textes de la
nouvelle loi
Après la publication de la nouvelle loi dans le journal officiel , un certains
nombres de textes qui régissaient le bail vont être annulés, y compris la loi
du Dahir lié à l’obligation de payer son loyer publié en 1999 et
ne seront pas annulés les exigences relatives aux baux
à usage commercial, industriel et artisanal.
La nouvelle loi va annuler le dahir publié en 1941 sur l’ordonnance
d’obligation de location, et le dahir sur l’ordonnance sur
la spéculation illégale publié en 1954, et l’autorisation sur la
proclamation de lieux vides, émis en 1941, et celui de la récupération des
lieux destinés à l’habitation émis en 1941..
Il convient de noter que le nouvelle loi du bail sur la location de biens
destinés à l’habitation ainsi qu’à l’usage professionnel assure au propriétaire
du bien la facilité de récupération auprès du locataire selon des critères
très spécifiques, et lui permet d’augmenter la valeur du montant du bail en
respect de la loi.